mardi 17 février 2015

Chronique • Lettres de mon moulin - Alphonse Daudet

Lu dans le cadre du challenge petit mois, petites lectures

Titre : Lettres de mon moulin
Auteur : Alphonse Daudet
Édition : Lito
Collection : /
Sorti en : 1869
Prix : ? 
Nombre de pages : 123
Genre : Conte, nouvelle, classique
Traduit par : /
(Excusez moi pour le peu d'informations mais j'ai une vieille édition que je n'ai pas trouvée sur Internet :()

Chanson : Tournent les violons - Jean-Jacques Goldman
"Eh bien, non ! je suis encore trop près de Paris. Tous les jours, jusque dans mes pins, il m'envoie les éclaboussures de ses tristesses…"

Résumé :
La chèvre de M. Seguin, Le secret de maître Cornille, L'Arlésienne, La mule du pape… Verve et émotion : tout le talent d'Alphonse Daudet pour nous faire découvrir la Provence ensoleillée et ses figures pittoresques dans ses contes savoureux.

Lettres de mon moulin trainait depuis très longtemps dans ma bibliothèque, le livre ayant appartenu à ma mère. J'ai encore une fois profité du challenge pour le sortir. Je ne crois pas avoir la version complète car je n'ai seulement que 9 nouvelles et en me renseignant un peu j'ai appris qu'il existait Les vieux, et celle-ci manque à l'appel dans mon édition.

Des nouvelles très courtes, dont je ne connaissais que La chèvre de M. Seguin. En effet, j'ai découvert chacune des nouvelles au fil de ma lecture. Je m'attendais à des histoires pour enfants, étant donné que La chèvre de M. Seguin est souvent étudiée à l'école, mais j'ai découvert des nouvelles beaucoup plus sombres, avec des fins beaucoup plus tragiques. J'ai parfois eu énormément de mal à rester concentrée dans ma lecture, lâchant prise plusieurs fois, ne comprenant toujours pas ce que je lisais, cette lecture a été pour ma part plutôt frustrante. Ces nouvelles restent des classiques, très bien écrites, proches du lecteur puisqu'elles sont à l'origine des lettres, ce qui d'ailleurs m'a bien plu étant donné que j'avais l'impression de connaître un peu plus l'auteur.

Une nouvelle m'a attiré un peu plus que les autres, et j'ai pris énormément de plaisir à la lire. Il s'agit de La légende de l'homme à la cervelle d'or. L'histoire est touchante bien qu'elle ne fasse seulement quelques pages et c'est le seul personnage auquel je me suis attachée, mis à part la mule de La mule du pape.

Une lecture un peu décevante dans le sens où je m'attendais à une lecture plus légère, plus simple mais qui reste tout de même enrichissante.
 

P.S : La chanson s'est imposée à moi durant ma lecture, tout simplement *rires*.

LES VIEUX.

Une lettre, père Azan ?
— Oui, monsieur… ça vient de Paris.
Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan… Pas moi. Quelque chose me disait que cette Parisienne de la rue Jean-Jacques, tombant sur ma table à l’improviste et de si grand matin, allait me faire perdre toute ma journée. Je ne me trompais pas, voyez plutôt :
Il faut que tu me rendes un service, mon ami. Tu vas fermer ton moulin pour un jour et t’en aller tout de suite à Eyguières… Eyguières est un gros bourg à trois ou quatre lieues de chez toi, — une promenade. En arrivant, tu demanderas le couvent des Orphelines. La première maison après le couvent est une maison basse à volets gris avec un jardinet derrière. Tu entreras sans frapper, — la porte est toujours ouverte, — et, en entrant, tu crieras bien fort : « Bonjour, braves gens ! Je suis l’ami de Maurice… » Alors, tu verras deux petits vieux, oh ! mais vieux, vieux, archivieux, te tendre les bras du fond de leurs grands fauteuils, et tu les embrasseras de ma part, avec tout ton cœur, comme s’ils étaient à toi. Puis vous causerez ; ils te parleront de moi, rien que de moi ; ils te raconteront mille folies que tu écouteras sans rire… Tu ne riras pas, hein ?… Ce sont mes grands-parents, deux êtres dont je suis toute la vie et qui ne m’ont pas vu depuis dix ans… Dix ans, c’est long ! Mais que veux-tu ? moi, Paris me tient ; eux, c’est le grand âge… Ils sont si vieux, s’ils venaient me voir, ils se casseraient en route… Heureusement, tu es là-bas, mon cher meunier, et, en t’embrassant, les pauvres gens croiront m’embrasser un peu moi-même… Je leur ai si souvent parlé de nous et de cette bonne amitié dont…
Le diable soit de l’amitié ! Justement ce matin-là il faisait un temps admirable, mais qui ne valait rien pour courir les routes : trop de mistral et trop de soleil, une vraie journée de Provence. Quand cette maudite lettre arriva, j’avais déjà choisi mon cagnard (abri) entre deux roches, et je rêvais de rester là tout le jour, comme un lézard, à boire de la lumière, en écoutant chanter les pins… Enfin, que voulez-vous faire ? Je fermai le moulin en maugréant, je mis la clef sous la chatière. Mon bâton, ma pipe, et me voilà parti.

Extrait de Les Vieux sur Wikisource.
 
 
 

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